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Miles Davis en concert au Randall’s Island Jazz Festival, New York, le 23 août 1960 © Henri Dauman Photo Archive

HENRI DAUMAN – THE MANHATTAN DARKROOM

Du 17 février 2024 au 26 mai 2024
Palais d’Iéna à Paris et au Musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône

Cette rétrospective niçoise marque la dernière collaboration avec le photographe, décédé le 13 septembre 2023 à New York. Près de 170 photographies emmènent le public dans un voyage à travers l’histoire récente des États-Unis.

Des premières expositions d’Andy Warhol à l’émergence du Minimal Art, nous assistons à la mise en place d’une scène artistique dynamique et conquérante. Les arts sont florissants quand l’avant-garde a pour noms Merce Cunningham, Philip Glass ou Walter Wendy Carlos. New York est le creuset de toutes les transformations. John V. Lindsay et John Fitzgerald Kennedy expérimentent de nouvelles formes de marketing politique. La communication change et Henri Dauman s’en fait l’écho. Tout s’accélère dans les années 1960, les femmes, les afro-américains et les minorités manifestent. Dans Life, mais surtout dans le New York Times, Henri Dauman relate fidèlement et avec originalité cette mutation. « The Manhattan Darkroom » est plus qu’une simple exposition photographique, elle est un mémorial de l’Amérique moderne. Henri Dauman est né 1933 au cœur de Montmartre à Paris. Les premières années de sa vie sont marquées par la déportation de son père à Auschwitz et le décès prématuré par empoisonnement de sa mère en 1946. Devenu orphelin, Henri Dauman émigre aux États-Unis en 1950. Il part, seul avec son appareil, retrouver un oncle établi à New York. C’est là qu’il commence sa carrière de photographe. Tout d’abord correspondant pour la presse française et internationale (France-Amérique, Epoca ou Paris Match), il rejoint assez rapidement les magazines américains alors prospères. Il conserve néanmoins un statut d’indépendant, ce qui l’autorise à travailler pour le supplément culturel du New York Times. Henri Dauman ne manque pas de qualités. On apprécie son bilinguisme, sa disposition et on lui trouve un style propre. Cadrages subtils et efficaces, relations proches avec le sujet, sens de la narration sont appréciés des rédacteurs en chef qui vont bientôt lui confier couvertures et reportages couleur.

La crise cubaine, New York, 1961 © Henri Dauman Photo Archive
La crise cubaine, New York, 1961 © Henri Dauman Photo Archive
Le chômage des jeunes, New York, 1963 © Henri Dauman Photo Archive
Le chômage des jeunes, New York, 1963 © Henri Dauman Photo Archive

L’Amérique est une fascination, mieux même, une sidération. Les premières images attestent de l’étonnement du jeune homme devant la puissance et l’élégance architecturale de la ville. Plus tard encore avec les photographies « New York, Looking up » (1960) – qui entre dans la collection permanente du MoMA – et « Roof top living in New York » (1963), Henri Dauman ne cessera de portraiturer, fasciné, la seule ville qui compte : New York. Dans Greenwich Village, où il s’est installé, il saisit l’esprit désinvolte et décomplexé. Dans le Bronx, c’est un tout autre monde qu’il dépeint. « The Savage Nomads Gang » (1977) expose sans détours une jeunesse en rupture, inventant ses propres codes. La presse apprécie particulièrement ses portraits. Muni d’appareils chargés en couleur et en noir et blanc, il joue des deux supports pour évoquer avec justesse, ce qu’il pense être la nature véritable du personnage. Il se plaît à dresser des biographies et à cerner la figure de son sujet. Toujours au plus près, il espère gratifier le lecteur d’une image qui ne soit pas qu’une simple illustration. Ses portraits féminins (Jane Fonda, Brigitte Bardot, Jean Seberg, Marylin Monroe) sont emprunts d’une tendresse toute particulière. On se sent seuls avec elles. Ce sentiment de proximité, on le retrouve parfois chez des personnages masculins pour lesquels on ne s’y attendrait guère (Jean-Luc Godard, Eugene Ionesco, Elvis Presley ou Alain Delon). La priorité avec Henri Dauman, c’est de raconter des histoires. L’homme avoue sa dette au cinéma et à sa grammaire. Séquences, short cuts, plans rapprochés, fondus au noir, jeux de lumière, tout l’arsenal du cinéma est convoqué pour que l’image, la légende et les textes ne fasse plus qu’un. À l’efficacité du cinéma américain répond la justesse de la mise en page du magazine.

Ce style n’est pas qu’un hommage, il répond à la concurrence grandissante des médias émergents. Ruse de l’histoire, c’est au moment où ses reportages sont les plus aboutis (funérailles de John Fitzgerald Kennedy, 1963) que l’emprise de la télévision est totale. L’âge d’or des magazines s’achève. Ce tournant, moment crucial dans l’histoire de la communication, Henri Dauman le préfigure dans son portrait prémonitoire de Marshall Mac Luhan (1974).

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