Lorenzo Castore : une exposition et un ouvrage autour d’une photographie fiévreuse
La série « Fièvre » de Lorenzo Castore est doublement à l’honneur via une exposition à découvrir jusqu’au 11 mai 2024 à la Galerie S., en plein cœur de Paris, accompagnée d’un ouvrage publié aux éditions Lamaindonne. L’occasion idéale de revenir sur le travail du photographe italien en se concentrant sur son œuvre personnelle, à la croisée de l’intime et de son esthétique de caractère.
C’est désormais indéniable : Lorenzo Castore appartient aux grands noms de la nouvelle photographie documentaire – en toute subjectivité. L’exposition monographique, ainsi que le livre introduit par Caroline Bénichou de la Galerie VU’, nous fait parcourir près de trente années photographiques placées sous l’égide d’une recherche tant esthétique que de sens. « Parler » de soi, des autres… l’écriture visuelle de Lorenzo Castore se situe à la frontière entre le récit de soi et la quête d’une certaine vérité ; celle des corps, des peaux, et des détails qui prennent successivement une place prépondérante dans son travail. Toutes ses photographies dégagent l’idée d’une sensualité, sans pour autant prenne le dessus de façon caricaturale.
C’est là que son style prend toute son importante : sa manière de faire du flou, de texturer ses images noir et blanc comme Michael Ackerman ou David Siodos savent si bien le faire, ou encore de saisir les personnes et les scènes qui se présentent à lui avec l’acuité qui est la sienne. Avec ce livre à la reliure suisse, qui laisse apparaître les coutures entre deux images – voire au milieu d’une image, en toute subtilité, sur un corps ou un visage –, les éditions Lamaindonne accompagnent autant qu’ils ajoutent quelque chose d’autre à la galerie et aux tirages qui recouvrent ses murs. « Fièvre » fait du secret quelque d’encore plus mystérieux encore, encore plus sujet à interprétation, rendant la part belle à la subjectivité et aux identités multiples. Photographie de soi, à travers les autres. C’est certain, le photographe construit son œuvre sur le « terrain fertile de l’intime », pour reprendre ses mots. Plus que de faire de l’intime quelque chose de “simplement” politique, il opère une sublimation qui rend toute chose curieuse… fiévreuse, en somme.







