Épreuves de la matière. La photographie contemporaine et ses métamorphoses
Du 10 octobre 2023 au 4 février 2024
Bibliothèque François-Mitterrand, Galerie 1 – Quai François Mauriac, 75013 Paris
À travers un foisonnement d’explorations artistiques, la réflexion autour de la matière irrigue tous les domaines de la photographie, du processus créatif à la présentation des images. S’appuyant sur la riche collection de photographies contemporaines de la BnF, cette exposition dévoile les capacités de métamorphose de la matière photographique tout en évoquant sa possible disparition. Les œuvres singulières de près de deux cents photographes français et étrangers révèlent une histoire sensible et incarnée de la photographie.
L’exposition se déploie en quatre grandes parties explorant les états possibles de la matière-image en photographie, qu’elle soit analogique ou numérique.
La première section, intitulée “L’image tangible, la matière incarnée”, met en lumière comment des photographes tels que William Eggleston, Ann Mandelbaum, Denis Brihat, entre autres, transforment la matière photographiée en jouant avec des éléments tels que le flou, le gros plan et les variations d’échelle. D’autres artistes, comme Andreas Müller-Pohle, Philippe Gronon ou Isabelle Le Minh, se concentrent sur l’analyse des textures des composantes de la photographie : grain d’argent, gélatine, pixels, papier, etc.
La deuxième partie, “L’image labile, la matière expérimentée”, explore la matérialité à travers les expérimentations réalisées en laboratoire ou sur ordinateur. Les expérimentations analogiques sur les émulsions, telles que les chimigrammes de Pierre Cordier ou les gommes bichromatées mélangées à du sang chez Marina Bério, sont mises en regard des œuvres numériques de Thomas Ruff (série “Substrats” obtenue par la superposition d’images glanées sur internet) ou de Lauren Moffatt (détournement de la photogrammétrie dans la série “Compost”).
La troisième partie, “L’image hybride, la matière métamorphosée”, met en avant des pratiques où la photographie s’hybride avec d’autres expressions artistiques ou explore ses propres ressources pour suggérer des effets de matière picturale, graphique ou sculpturale.
Enfin, la quatrième et dernière partie, “L’image précaire, la matière fragilisée”, présente des œuvres interrogeant la photographie soumise au passage du temps et des éléments qui peuvent conduire à son effacement progressif. Des travaux sur l’archive photographique d’Eric Rondepierre, Joan Fontcuberta, Hideyuki Ishibashi, Lisa Sartorio, Oscar Muñoz sont exposés, tout comme des matérialisations fugaces donnant lieu à des images évanescentes, telles que l’hologramme de Michael Snow, ou à des images latentes et spectrales, comme celles de Rosella Bellusci, Smith, Vittoria Gerardi, Alain Fleischer.
Au-delà de la diversité des pratiques, un lien étroit se tisse entre le support et le sujet. Bien que le support soit mis en valeur, de nombreuses œuvres évoquent le paysage, le corps, la nature, délivrant ainsi une grammaire visuelle riche. Ces artistes jettent des ponts entre les processus photographiques anciens et les technologies contemporaines, tout en engageant une réflexion profonde sur la relation complexe entre la photographie, la société, la nature et la technologie, révélant leur engagement en faveur d’une écologie de l’image.